28 septembre 2006

Et, heuu le chien ça va ??

Bon d’accord c’est pas du jeu… mon grand instant de solitude décrit précédemment n’a pas été entièrement réalisé par mes soins donc en voici un autre, vécu toute seule comme une grande … enfin avec témoin bien entendu sinon c’est moins drôle.
Situons tout d’abord le pourquoi du comment en suis-je arrivée là....
Si vous êtes un lecteur assidu (et si ce n’est pas le cas, honte à vous !! Allez immédiatement vous farcir les archives !!), vous savez que j’ai vécu dans une jolie commune bruxelloise qui est quasiment constituée au ¾ de logements sociaux… loin de moi l’envie de dénigrer ce genre d’habitation surtout que ces dernières – même si elles n’étaient pas toujours au top de la modernité – ne ressemblaient pas à d’immondes tours grises….
La preuve voici le bel immeuble dans lequel j’ai habité pendant quasiment 17 ans.


Toujours pour situer – oui, j’aime bien situer – il faut aussi savoir que dans cet immeuble j’ étais, à l’époque de la honte n° 2 – la seule petite fille mignonne, adorable, polie de l’immeuble…
L’HLM étant principalement constituée de vieux (oui à 10 ans – j’étais même plus jeune je pense - les gens de plus de 50 ans sont vieux)
Nous avions donc :
1. Monsieur et Madame VC (pas de jeux de mots graveleux merci) : qui ont, en fait, échangé l’appartement n°8 avec nous … l’âge arrivant il leur était de plus en plus difficile d’atteindre le 4ème étage sans ascenseur (oui, je dis 4ème étage car pour atteindre le rez il fallait déjà gravir 10 marches donc 3ème = 4ème )…. Donc des vieux.
2. Monsieur et Madame M. : parents d’une jeune fille donc inutile d’espérer jouer avec elle à la poupée.
3. Madame D. : Directrice d’école à la retraite qui a passé de looooooooooooooongs dimanches avec moi et les fractions…
4. Madamde Ds : la fameuse vieille dame qui faisait du chocolat chaud au-dessus duquel se formait une peau (allez, je suis sympa vous pouvez lire ceci en date du 5 janvier 2006)
5. Monsieur et Madame L. : Madame L étant suisse, chaque année ils partaient en vacances là-bas et Maman était chargée de l’arrosage des plantes …en échange nous avions droit à l’incontournable et délicieux chocolat helvétique :-)
6. Monsieur B : notre voisin du dessous si vous avez bien suivi … Un vieux garçon chef de gare. Il avait son coup de folie chaque année (le jour de son anniversaire si mes souvenirs sont bons), il se payait alors une cuite mémorable, chantant à moitié nu sur son balcon….ensuite tout redevenait normal, on ne l’entendait plus jusqu’à l’année suivante.
Franchement, même si il était un peu farfelu, il n’en était pas moins serviable et très prévenant ; ayant un emploi du temps un peu décalé de par son boulot, il demandait mes horaires d’examens en juin pour savoir quand il pouvait taper à la machine tard le soir sans me déranger dans mes études et en échange nous passions l’aspirateur le samedi en fin de journée lorsqu’il faisait les nuits … bref un vrai et sain rapport de voisinage.
7. Monsieur et Madame S. : Sympathique couple arrivant doucement à la retraite. Madame S était quelquefois un peu envahissante mais toujours la première à rendre service et Monsieur S. avait la gentillesse de nous déposer, sur notre paillasson, les viennoiseries (payées au préalable) qu’il allait chercher en même temps que son pain aux petites heures le dimanche matin ... le bonheur !
8. Nous.

Or donc comme si bien décrit (situé) plus haut, y’avait que des vieux … et étant la plus mignonne des petites filles du bloc d’immeubles j’étais assez appréciée par tous ces papys-mamys … et pas que dans mon immeuble …même dans celui accolé au nôtre je faisais un tabac !
Notamment auprès de Madame Spirou et Madame Siska (moyenne d’âge 60 ans)….et là ébahissement de vos yeux…pourquoi qu’elle donne les noms soudainement ?… parce qu’en réalité ces dames ne s’appelaient pas comme ça … nous leur avions donné le nom de leur chien … Un p’tit yorkshire pour Madame Spirou et un joli teckel pour Madame Siska.
Et ce n’était pas du tout insultant croyez-moi, elles appréciaient !
On ne les voyait pas souvent …je pense que les chiens devaient faire au maximum 100 mètres par jour … souvent on les apercevait sur le banc d’en face, faisant causette avec le monsieur qui accompagnait de temps en temps Madame Siska.
Et voilà que Noël approche et donc mon anniversaire (et mon moment de honte) et que je reçois une jolie carte de Madame Siska avec un p’tit billet … oui, je sais c’est dingue …une voisine chez qui je n’allais jamais, que je saluais simplement dans la rue et qui me donne un p’tit sou ! … mais n’oublions pas que nous sommes dans les années 80 et à cette époque les voisins se parlaient, s’appréciaient et les gens avaient encore des attentions pour les autres.
Qui dit cadeau dit remerciement ….
Je m’armai donc de courage (oui, j’étais une grande timide à l’époque) et de mon plus joli sourire et j’allai chez Madame Siska pour lui dire merci.
Evidemment, accueil chaleureux d’elle et du petit teckel, biscuits mous et thé tiède … après les remerciements d’usage je tâchai de trouver un sujet de conversation …
Et soudain l’illumination !
- "heu, comment va votre mari Madame Siska ? Monsieur n’est pas là ?"
- "Ce n’était pas mon mari mais mon père et il est mort il y a 3 mois..."
- …
Un ange traversa la pièce parfumée à l’anti-mite et l’encaustique….le vieux coucou égrena les secondes les plus longues de ma Vie….
C’est bizarre mais l’année d’après, y’avait plus d’enveloppe dans la boîte…

6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Woaw ! Quel billet !
Je ne devrais peut-être pas le dire, mais j'ai ri de bon coeur !
Qui n'a jamais connu de pareils moments de solitude désemparée, hein, qui ?
Merci pour ce savoureux moment de lecture !

28 septembre, 2006 22:46  
Anonymous Anonyme said...

La solitude, çà n’existe pas !!!
Les personnes âgées, comme tu dis, meublent parfois leur « solitude » d’étranges façons … Pendant plusieurs années, j’ai le plus beau métier du monde : celui d’Assistante de Vie auprès de vieillards et d’infirmes. Il n’y a rien de plus réconfortant que leur accueil. Ces gens qui n’ont plus personne dans leur vie intime, vous reçoivent chez eux comme si vous étiez un ange tombé tout droit du ciel, et leur sourire est la plus belle récompense qui soit. J’ai connu une vieille dame de 80 ans qui avait apprivoisé une mouette, oiseau pourtant plus que sauvage, et qui venait chaque jour et à son appel, picorer des miettes de pain et des petits bouts de viande spécialement disposés sur son balcon … Une autre aussi, qui mettait, chaque jour, un bouquet de fleurs fraîches devant la photo de son Mari décédé qui trônait sur la table du salon, en lui parlant tendrement comme s’il était encore là devant elle, bien vivant ! Etrange ! Non ?

29 septembre, 2006 09:24  
Blogger Gabbel said...

Thierry > mais tu peux, c’est le but !!
MLA > Non, pas étrange ... j'ai eu la plus belle et la plus forte des relations avec mon grand-père et même si il avait sur la fin un vrai caractère d'ours pour rien au monde je n'aurais voulu rater les longues discussions que nous avions (botanique, politique, passé..) ... c'est vrai que la visite du dimanche peut paraître ennuyeuse quand on a 12 ans mais au fil des années j'ai apprécié ces moments et quand j'ai l'occasion d'aller chez ma grand-mère, même si je n'ai pas cette connivence que j'avais mon bon-papa, j'aime quand elle parle d'elle et de son enfance .. à 89 ans elle est encore en pleine forme et je sais qu’il faut en profiter…

29 septembre, 2006 15:22  
Anonymous Anonyme said...

Très belle histoire. Tu as beaucoup de talent. Mais 3 ans sans voir la vieille, franchement !
C'est vrai que t'étais jeune et timine ! (timine n'est pas une erreur de frappe).

30 septembre, 2006 01:56  
Anonymous Anonyme said...

Oufti ! J'espère quand même que ce n'est pas pour cette raison-là...

J'ai eu la même évolution que toi sur les "réunions de famille" : souventbarbant à 12 ans, mais c'est après qu'on se rend compte et qu'on apprécie !

30 septembre, 2006 21:34  
Anonymous Anonyme said...

Je ne sais pourquoi mais ton billet m'a étrangement fait penser à une messe d' enterrement à laquelle je me suis rendue.2 semaines plus tard...la personne décédée m'a poliment saluée lorsque je suis sortie de la maison. Question fondamentale:" A quel enterrement m'étais-je rendue?"
Non, non ce n'est pas une blague.

01 octobre, 2006 17:38  

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