Gâteau moka de Bonne-Maman

Après être passée pour une alcoolique (merci à mon amoureux, c’est tout de même lui qui m’a appris à apprécier un verre de vin) je vais passer pour une gourmande … à ce rythme-là je vais faire les 7 péchés capitaux en moins d’une semaine…
Donc, voilà, j’assume et je le revendique : j’adore les pâtisseries et j’adore en faire.
En plus je suis très douée ce qui ne gâche rien :-)
Il fut un temps où je passais mon dimanche après-midi à faire des cakes en tous genres ; nature, marbré, chocolat, pommes, citron… ou encore des sablés, cookies ou choux à la crème.
Sans oublier mon fameux gâteau ananas-amandes à tomber !
A l’époque où j’habitais encore chez Maman, je faisais distribution à la famille et lorsque j’ai quitté le nid et me suis un peu éloignée, ce furent mes collègues qui profitèrent de ma frénésie pâtissière.
Je parle au passé car malheureusement, depuis notre déménagement en Bretagne, je vis dans la frustration la plus totale.
En effet, en Belgique, je cuisais le tout dans le four de ma gazinière mais ma cuisine bretonne est aménagée pour n’avoir qu’une plaque de cuisson.
Nous avons bien un four électrique mais celui-ci est trop petit pour accueillir mon moule à tarte et se faisant vieux, il ne fait pas la différence entre 150 et 200 degrés… ce qui est tout de même capital pour des gâteaux.
Me voilà donc forcée de me rabattre sur des douceurs à confectionner hors du four, comme le riz au lait, ou qui ne craignent pas un coup de chaud, comme les petits flans de Tata C.
Et puis soudain, il y a quelques jours… une illumination !!
Mais oui, comment avais-je oublié le fameux gâteau de bonne-maman qu’on n’a même pas besoin de le cuire et qu’il est délicieux !
Aaaah parce que le gâteau moka de bonne-maman c’est une institution dans la famille.
Aussi longtemps que je me souvienne, je l’ai toujours connu aux anniversaires, baptêmes ou autres.
On a même taquiné un temps ma grand-mère car elle n’arrêtait pas d’en faire ! Aujourd’hui elle s’est un peu calmée … elle préfère faire des gaufres :-)
Mais c’est donc un monument de la famille connu et reconnu.
J’ai d’ailleurs mené mon enquête et j’ai découvert que sa recette remonte à la nuit des temps.
En 1952, ma grand-mère vient s’installer à Watermael-Boitsfort. Les temps sont durs et les fins de mois difficiles, elle papote un jour avec sa voisine et lui avoue sa faiblesse pour le petit gâteau moka de la boulangère mais un peu cher pour sa bourse et voilà que la voisine lui confie la recette peu onéreuse d’un moka venant de sa belle-mère alors âgée de 70 ans ! C’est vous dire l’âge de ce dessert !
Tous les enfants et petits-enfants (j’en suis la preuve vivante) de ma grand-mère connaissent la recette et je suis certaine qu’elle se perpétuera encore longtemps.
Et comme je n’ai pas d’enfants avec qui passer mon dimanche à transmettre ce savoir, j’ai décidé de le partager avec vous.
Vous allez voir, c’est simple comme bonjour !
Pour ce moka il vous faut :

3 jaunes d’œufs
250 g de beurre
Une tasse de café soluble très fort
75 g de sucre glace
Note : ma grand-mère met 150 g de sucre mais je trouve cela un peu trop.
A noter que j’ai réussi à passer pour une extra-terrestre grâce à ce fameux sucre : ne le trouvant pas dans les rayons, je demande à un employé du supermarché où se trouve le sucre impalpable.
Voyant son œil qui frise je me dis : "a) il ne sait pas de quoi je parle car c’est un homme et le sucre impalpable et lui ça fait deux (Ouh le vilain préjugé !) – b) je viens d’utiliser un terme belge".
Réponse correcte : b
"Heuu je voulais dire du sucre glace"
"Aaaah oui !...Juste derrière vous"
… extra-terrestre et miraude en plus -_-
Et pour finir deux paquets de petits-beurre.
Attention, pas de la marque Lu car ils ne seront pas assez moelleux, le mieux est de prendre une "sous-marque" (en France, j’ai pris les "petits tendres" de Casino-Géant).

C’est parti.
Mélangez le sucre et les jaunes d’œuf.

Puis, petit à petit ajoutez un peu du café refroidi (au total il faut une demi-tasse ou plus si vous voulez un goût plus prononcé).

Ajoutez le beurre ramolli (10 sec au micro onde si vous avez oublié de le sortir la veille).

C’est la partie la plus difficile si vous n’avez pas de robot mélangeur, en effet le café met un peu de temps à s’amalgamer parfaitement au mélange.

Mais au final vous obtenez ceci.

Couvrez d’une première couche de crème moka la base formée de petits-beurre.

Les autres petits biscuits seront au préalable trempés dans le reste du café.

Superposez les couches : biscuits-crème et finissez par recouvrir le gâteau de la préparation moka.

Ma grand-mère s’en donnant à cœur joie, elle faisait de très grands gâteaux à étages et je me souviens aussi d’une jolie déco faite de biscuits boudoirs (ou cuillers mais ceux-ci sont plus épais) tout autour.
Avec les étages et la base ainsi entourée cela donnait l’impression d’un château.
Voilà, à présent il faut attendre ... eh oui, ce gâteau se déguste après quelques heures au réfrigérateur.

Le mieux c’est une nuit entière... courage ! :-p
Mais je vous assure que ça vaut la peine d’attendre … la preuve j’ai dû me dépêcher de prendre une photo le lendemain…



PS : Il y a une variante à l’orange : remplacez le café par 2 cuillères à soupe de jus et le zeste de deux oranges pour la crème et le reste du jus des deux oranges pour y tremper les biscuits. On finit pas recouvrir le gâteau avec la crème mais personnellement je verrais bien une ganache au chocolat noir pour accompagner le goût orangé.